A propos des conditions d'accueil médiocres

"Ah ouais mais non, le café c'est payant là..."

Il y a quelques semaines, un article de Télérama a resurgit du passé, recréant un mini-buzz chez les organisateurs de spectacles et les artistes en tout genre. Cet article c'est la lettre ouverte de Jean-Claude Barens au nom de l'équipe du Festi'Val de Marne, publiée en 2008 et ressortie des abîmes du blog de l'hebdomadaire par on ne sait quel hasard. Retour sur une polémique.

Il est indéniable que ce coup de gueule a été écrit en toute bonne foi, et que le métier d'organisateur de festival, ou d'événement culturel est un métier difficile demandant une bonne dose de recul et de diplomatie quant aux conditions très « spéciales » voire caprices de certains artistes. Jean-Claude Barens fait preuve d'humour en listant les demandes les plus étonnantes recueillies dans les Rider de différents artistes et conclue sa lettre par une revendication sans équivoque :

« Nous ne sommes pas une BANQUE, ni une ÉPICERIE FINE, ni un TOUR OPÉRATEUR, ni le CLUB MED : nous sommes UN FESTIVAL ! »

Mais un des aspects les plus intéressants de cet article, n'est pas l'article en lui même mais les commentaires postés par des musiciens, plasticiens, techniciens, en réponse à ce coup de gueule. En effet, même si le coup de gueule du Festi'Val de Marne vis-à-vis d'une catégorie d'artistes aux attitudes anti-professionnelles et aux demandes extravagantes est justifié, l'article a été submergé par un flot de commentaires relatant les conditions souvent déplorables d'accueil vécues par des artistes aux conditions plus modestes chez certains organisateurs moins professionnels que le Festi'Val De Marne. Car si le Festi'Val de Marne peut parler en son nom et avoir un écho retentissant dans la profession, aucun « petit » artiste n'a malheureusement l'aura suffisante pour évoquer les conditions d'accueil médiocres dont lui et ses pairs sont souvent victimes.

Et les petits artistes dans tout ça, ils en disent quoi ?

Afin de modestement rééquilibrer la balance, voici un petit florilège de ce que l'on peut lire dans les commentaires de l'article et qui illustre des mauvaises pratiques de certains organisateurs sur les conditions d'accueil des groupes en développement :

- « On m'a placé à coté des chiottes, je n'ai demandé que le défraiement de mon billet d'avion d'une auteur de 70 balluches qui ne m'a pas été remboursé, on m'a vomi sur mes cartes de visites (toujours à côté des chiottes) , j'ai demandé poliment à accéder à une prise, on m'a dit ok et puis un gars badgé m'a demandé "à part niker nos machine à café tu peux me dire ce que tu fais là ?"... »

- « on s'est fait déprogrammé l'après-midi pour le soir-même (motif : le groupe avait déjà "sa" première partie) »

- « nous avons joué en première partie mais nous n'avons pas été payé à l'issue d'un concert dans une salle de 700 places »

- « C'est le droit de chacun de manger hallal, végétarien ou végétalien. Quand dans une salle ou un festival le cuisinier te regarde en te disant "putain, j'ai essayé de faire de la bouffe végétarienne, c'était dur", et qu'il te sort une barquette de carottes rapées, et que tout le reste a touché de la viande, je suis désolé, ça ne s'appelle pas du respect. »

- « Une grosse salle de concert où nous avons juste été défrayé de notre trajet (de justesse !) en première partie d'un gros groupe, salle pleine, 24 euros l'entrée... Même pas de bouffe. Et quand on a demandé juste un paquet de pâtes à l'organisateur, on s'est fait envoyés bouler. "Vous comprenez, je suis déjà à perte..." Ha bon ? »

- « Accueil de merde, ingés-son incompétents, pas de salaire et tu payes ton verre si t'as soif... »

- « Prenez le temps d'écouter et de répondre aux maquettes ou CD envoyés par les petits groupes indé qui ne font certes pas assez de bruit chez les média, mais qui ne demande qu'une chose, un repas et une place sur scène. Nous aussi on perd du temps et de l'argent (enregistrements, porter le matos pour les répètes etc.) »

- « Une fois, nous faisions la 1ère partie de Maceo Parker, et l'organisateur ne nous avait absolument rien prévu (malgré un contrat stipulant qu'on devait nous servir un repas chaud). Maceo lui-même a été étonné, si bien qu'il est venu en personne nous amener des plateaux traiteurs qu'il y avait dans sa loge, alors même qu'il sortait du restaurant le + cher de la ville. »

- « il y a aussi des organisateurs qui abiment tes instruments et qui refusent de payer la réparation, qui demandent des centaines d'affiches qui ne seront jamais affichées, qui veulent renégocier le cachet après le concert, qui divisent le cachet a 2, qui ne payent pas les frais de déplacement.

Et vous c'est quoi vos pires souvenirs d'accueil ?

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