10 trucs chiants quand on tourne entre filles

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Mélissa Laveaux est une chanteuse canadienne. En quelques années de tournées à travers l'Europe et l'Amérique du nord, elle a eu l'occasion de noter quelques petites choses qui rendaient la vie difficile à la gent féminine, et vous les décrit ici (ceci est une traduction de l'article précédemment paru dans le Huffington Post). 

1 - Il nous arrive d’être traitées comme de la merde

Voilà. Certains techniciens des lieux dans lesquels nous jouons sous-estiment très clairement l’expérience et les connaissances que nous pouvons avoir de nos instruments. Ils vont remettre en question nos choix techniques et nos besoins, comme lorsqu’on me propose sans sommation de gérer les réglages de mon ampli - le même ampli que j'ai utilisé pendant les 50 derniers concerts de la tournée.

Autre exemple, en raison d’une allergie à la poussière et à la fumée, notre fiche technique indique explicitement "SURTOUT PAS DE FUMEE SUR SCENE". Cependant, certains éclairagistes persistent à nous faire disparaître sous la fumée, sous prétexte que c’est “plus joli” et qu’ils sont persuadés que je ne tousserai pas avec “leur” machine.

Le revers ennuyeux de cette médaille, c'est que lorsque vous faites une demande, vous pouvez être sûr à 99% de vous faire traiter de diva ou de salope dès que vous aurez le dos tourné.

"Attends, bouge pas, je vais juste soulever ta jupe pour attacher le micro..."

2 - On nous propose de former des “girl bands”

Cela arrive plus à mes acolytes qu’à moi car elles ont régulièrement ce rôle d’accompagner des groupes en tous genres. Elles reçoivent des appels d’agents, de managers et de labels, à la recherche de nanas sexy et lascives sachant tenir un instrument. C’est tout. Il leur suffit de savoir tenir leurs instruments. Même pas besoin de bien jouer. Bien souvent aucune musique n'a encore été écrite, mais leurs interlocuteurs sentent en général “qu’il se passe vraiment un truc avec ce projet”.

3 - La plupart des salles ont du être conçues par des hommes

Sauf si vous jouez dans un théâtre renaissance, vous ne trouverez en général pas de pièce séparée, équipée d’un miroir où vous pourrez vous changer, ou même un bon éclairage pour vous maquiller correctement. Les séances d’habillage commencent assez souvent par une lutte avec les deux autres filles du groupe pour la primauté du miroir, ce dernier traînant souvent dans des toilettes où l’on finit par poser sa trousse à maquillage sur un sol crade.

Je peux ainsi dire qu'enchainer les tournées m’a appris à faire preuve d’une certaine agilité, flexibilité, et de compétences acrobatiques incroyablement précises : ou comment mettre un costume de scène et des collants dans d’horribles toilettes de festival en plastique, sans laisser tomber quoi que ce soit sur le sol, le tout à quelques minutes de monter sur scène !

4 - Sur les plateaux de télé, les techniciens vous toucheront obligatoirement les seins

Chaque fois que je fais une émission de télévision, le technicien censé gérer les micros finit avec ses mains sur ma poitrine avant même que j’ai le temps de dire « pardon, ça me dérange, je préfère l’installer moi-même." Ensuite, ils sont toujours en galère pour trouver un endroit où loger la batterie dudit micro.

Sérieusement, après 80 ans de spectacle télévisé, personne n’a encore réussi à trouver une solution pour ajuster efficacement ces micros sur des robes ?!

Une fois, ils ont carrément essayé d'attacher la batterie à... mes cuisses. Sauf que la plupart des gens à la télévision sont maigres et la sangle est faite pour les personnes maigres. Ce que je ne suis pas. Il aura ainsi fallu que cinq techniciens différents, tous des hommes, glissent leurs mains sous ma jupe pour tenter de trouver une solution. Alors que je n’aurais finalement été filmée qu’au dessus de la taille...

Someone has to help Gemma Arterton with her microphone on a film shoot

5 - “T’es plutôt une bonne guitariste / bassiste / batteuse / etc. pour une nana"

Nous sommes en 2013. Je peux être tout autant une excellente guitariste ou une merde, en tout cas mon appareil génital ne fait pas de fingerpicking, donc il a très peu à voir avec mes capacités en tant que musicienne.

En même temps, mon appréhension toute relative de la pratique de mon instrument me trahit souvent, très certainement parce que je suis une personne paresseuse et/ou occupée.

6 - “Paye tes nichons !"

Je pensais que le public avait cessé ce genre de remarques depuis le temps des premières batailles des “riot grrrls” où on jetait des bouteilles d’eau à la figure de Kathleen Hanna de Bikini Kill. Une chanteuse française que je connais bien a un jour sorti à un mec qui lui demandait de continuer son concert “à poils”, la répartie suivante : "volontiers, mais alors après toi !" Elle n’a plus entendu ce fan de naturisme après ça.

Et même si je sais que ce genre de propositions de se foutre à poils fuse aussi pour les hommes, je trouve toujours ça chiant.

Bikini Kill au “Bank” en 1996, photographie de Dennis Kleiman

7 - "Ouvrez vos jambes et vous obtiendrez"

Mes amies musiciennes ont reçu à des nombreuses reprises d’excellentes opportunités de boulot ou des trucs gratuits en échange de services sexuels émanant de "gens du business” plutôt insistants. Il peut s’agir tout autant d’un ponte qui vous propose un contrat, que d’un gros naze qui vous offre une session gratuite dans son home studio pour enregistrer votre première démo.
Cela arrive plus souvent qu’il ne faudrait. En fait, ce serait surtout bien que ça ne se produise pas du tout.

8 - On reçoit des baisers non désirés après les concerts

Je ne suis pas une personne très tactile, a fortiori avec des inconnus. En bonne canadienne, je tiens à mon mètre carré d'espace vital, ce qui ne m’empêche pas non plus un bon “hug” avec un fan, il n'y a rien de choquant là dedans. En général, les gens ont juste passé deux heures à m’entendre gémir sur mes chagrins et mes malheurs, nous avons partagé un moment intime et ils méritent bien un câlin s’ils le demandent gentiment.
Cependant, il y aura toujours un mec bourré / bizarre qui essaiera d’embrasser toutes les filles de la bande après le concert, alors qu’on préférerait largement une bonne vieille poignée de main ou un “check” comme nos collègues masculins. Et pour les plus fous, un bon bisou sur la joue est toujours sympathique, à moins que vous n’ayez une horrible haleine alcoolo-tabagique, ou que vous n’ayez simplement pas demandé la permission.
Les fans sont largement assez bien élevés pour demander des autographes, alors pourquoi est-il si difficile de le faire pour une bise, avant de nous en claquer une par surprise ? C'est la raison pour laquelle, j'impose aux auteurs de ces baisers prohibés une “taxe du relou", grâce à laquelle le prix du merch grimpe de 1 € par contact non sollicité, ou commentaire lourdingue. Vous êtes prévenus.

9 - Les critiques sur le style vestimentaire fusent sans arrêt

Depuis la tournée qui a suivi mon premier album, j'ai arrêté de porter des talons hauts sur scène. Les semelles plus plates sont bien plus confortables et me rendent donc moins nerveuse, ce qui m’aide à mieux jouer et chanter. Pourtant récemment, des fans m'ont reproché de ne pas porter mes talons hauts. Elles m’ont laissé entendre que ça manquait de classe. Le pire, c'est qu'elles aimaient le show, donc ce n’est pas comme si ça leur avait gâché le moment non plus !
Alors que deux de mes acolytes masculins ne font quasiment aucun effort pour s’apprêter, je me retrouve critiquée pour avoir refusé de porter des chaussures inconfortables qui me font marcher comme un cheval boiteux. Savez vous combien il est difficile d'atteindre une pédale d’effets en portant des pompes à talons ? J'ai manqué de perdre l’équilibre et de me vautrer à chaque fois que j'ai essayé. J'ai donc arrêté d'essayer. Et puis j’ai l’impression que cette préoccupation porte beaucoup plus souvent sur les femmes que sur les hommes. On peut même dire que la critique provient la plupart du temps d'autres femmes.
J'aime énormément les fans qui me suivent, mais je trouve étrange que certains nous disent ce que à quoi nous devons ressembler. Pourquoi vouloir imposer des normes vestimentaires ? N’aime-t-on pas un groupe ou un artiste aussi pour ce qu’il a de différent des autres ? Et l’idée d’apprécier un groupe a-t-elle tant à voir avec l’apparence ?

10 - Trop de femmes détestent leur corps

Et je suis malheureusement l'une d'elles. Je dis des choses terribles sur moi-même en privé. Cependant, quand je bosse je garde ces commentaires pour moi, car je pense que cela peut vite jouer sur le professionnalisme et le caractère sain des relations de travail. Malheureusement, je passe énormément de temps sur la route avec deux demoiselles minces qui se plaignent de leur poids, de leur taille, ou de leur apparence, ad nauseam.
Ce sont de merveilleuses musiciennes, intelligentes, brillantes et talentueuses, mais c’est quand même regrettable que les médias et le monde qui nous entoure aient rendu si difficile pour une femme la possibilité de passer une journée sans qu’elle ne soit confrontée à un regard inquisiteur sur son apparence.
Vous imaginez sérieusement Hillary Clinton parcourir le monde en tant que secrétaire d'Etat en confiant à son équipe à quel point elle se sent grosse ? Qu’est ce que ça peut bien avoir à faire avec ses prérogatives ? Comment cela pourrait ne pas jouer sur son aura en tant que leader ? Comment pourrait-elle être simplement un exemple pour son staff ?
 
 via facebook.com / notodiet 
BONUS 


11 - Je déteste partager mes produits de beauté avec d'autres personnes.

Peut-être que cela me rend moins “fille” ? Peut-être que cela me rend moins cool ? En fait je pense juste que ça n’a rien d’hygiénique...

Ecrit par Mélissa Laveaux

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