Les pires phrases du programmateur de salle de concert

« Et alors, c’est ma salle ! Je fais ce que je veux dans MA salle ! Va t’en acheter une de salle toi, t’auras qu’à jouer dedans tant que tu veux après ! »

La route des groupes indés est pavée d’embûches, que parfois les personnes auxquelles on s’attend le moins rendent encore plus dures à tracer. Parmi celles là les programmateurs, ou en tout cas certains esthètes qui se sont pris pour les maitres de la création et jouent de vous comme de marionnettes sur lesquelles ils ont tout pouvoir. Si vous vous voyez déjà en haut de l’affiche, ça passera forcément un peu par eux, et il arrive qu’après les avoir sollicités, vous vous entendiez dire des trucs pas très encourageants. Ou carrément déprimants ou insultants. Voilà donc un peu de vécu, servi bien chaud.

 

 

« Ah je sais pas, tu m’as envoyé ça quand ? Tu sais j’en reçois teeeellement des démos »

Alors bon, vous n’avez pas envoyé une « démo » mais un bel album pressé sur lequel vous avez bossé pendant un an, et vous savez que vous l’avez déjà amené il y a deux mois, et en mains propres en plus.

Le bon réflexe : rappelez le lui cette livraison, que c’était à telle soirée, qu’il était habillé de cette façon, et qu’à l’époque il vous avait même dit « yes cool, pas de problème je te tiens au courant ».

 

 

« En général je sais au bout de quelques secondes si le groupe a du potentiel »

Le faaaameux truc du mec qui sait « en quelques secondes si le groupe a du potentiel ». Cette espèce d’avis superfétatoire qui laisse à penser que lui, et ben il SAIT. Et VITE. Mais pour quelques coups de progs biens sentis, à côté de combien de perles est-il passé ? Ca l’histoire ne le dira jamais.

Le bon réflexe : préparez lui un bonne compile de vos raretés préférées, provenant d’enregistrements peu connus, et soumettez lui comme la maquette de votre prochain EP. Ce sera un bon test…

 

 

« Je vous ai vu au dernier Puduc Fest et j’ai pas été très convaincu »

Si c’est le cas, c’est peut-être aussi que comme vous l’ont confirmé plusieurs connaissances il a passé la soirée à se pinter avec ses congénères au bar « pros » (de l’alcoolisme ?), arborant ostensiblement son badge doré de VIP. Alors que toi, sombre intouchable, tu attendais dans la fosse afin de lui en mettre plein la gueule au moment du slam puisque ça fait déjà trois fois qu’il vous fait le coup.

Le bon réflexe : la prochaine fois, improvisez un concert de barbares au beau milieu du bar VIP, histoire d’être sûrs que tous les pros du coin vous auront vu au moins une fois.

 

 

Direction le bar VIIIIIIIIIP !!!

 

 « Ben en fait tu sais, comme le dit si bien mon gars Christophe Maé, le succès ne tombe pas du ciel »

Parce que le mec connait du monde tu vois. Et il ne manquera jamais une occasion de te le faire savoir. Mais rassurez-vous, si on est toujours le con de l’un, on est aussi le cool d’un autre.

Le bon réflexe : menacez-le de balancer à tout le monde qu’il connaît Christophe Maé en échange d’une soirée en tête d’affiche et de la garantie de placer vos potes en première partie. S’il ne veut pas se taper la honte aux prochaines Trans il acceptera en vous implorant de garder ça pour vous. Imparable.

 

 

« Ouais, c’est bien votre truc.. ça me rappelle The Spoongies à leurs débuts.. »

Le mec est un ouf, même quand c’est pour faire un compliment il arrive toujours à te caler une petite référence de groupe soi-disant mythique qu’il a soi-disant « découvert », ou dont il a « organisé la première date française ».

Le bon réflexe : cool man. Prenez les paris avec lui que s’il vous fait jouer maintenant, dans moins de trois ans il s’en vantera pareil.

Au pire tu gardes les skeuds, et pis tu t'en fais une chaise...

 

 

« Bien sûr j’y réfléchis, il faut que j’en parle à mes collègues de Montlouis, de Pouillac et de Gouiville pour qu’on voit ce qu’on peut goupiller »

Les salles sont organisées en réseaux, les programmateurs se connaissent. C’est bien. Mais des fois c’est aussi un fabuleux moyen de pousser à l’immobilisme. Et il faut mettre un frein à l’immobilisme. Comme si programmer votre groupe représentait un risque financier ou artistique majeur, comme s’il fallait l’aval des collègues d’à côté pour caler des dates qui ne seront de toute façon même pas consécutives.

Le bon réflexe : dites lui que vous n’en demandez qu’une et que vous croyez profondément en ces choix de progs, sans qu’il n’y ait besoin de les comparer avec ceux de toute la région. Si ça ne marche pas, changez de région…

 

 

« Nan, on a déjà fait une soirée metal / punk / chanson / reggae…. il y a un mois »

Et alors ?? Déjà le principe de caler en première partie un groupe qui est la pâle copie de la tête d’affiche m’a toujours énervé, et puis pourquoi s’interdire de caler une première partie de chanson avant un groupe de hip hop par simple peur que celui-ci se ramasse des gobelets plus ou moins remplis dans la tronche ? Voyons, prenons un peu de risque enfin…

Le bon réflexe : proposez-lui un morceau bonus du style qu’il souhaite, que vous lui dédicacerez en proclamant combien il est magnanime de vous avoir calé à l’affiche.

 

 

« Ben en fait ça manque un peu de couilles, c’est un peu vert, un peu jeune quoi.. ça me rappelle The Springles à leurs débuts.. »

Ouais, bon, en fait le coup des références cultes à la con marche aussi quand il vous gaze…

Le bon réflexe : appeler le leader des Springles pour lui faire savoir ce que votre interlocuteur pense de leur premier album et le faire chanter avec ça contre une date en première partie de votre groupe culte à vous.

 

 

Pisser dans un violon ? Ah non.. Etre nul archet ? Je sais pas...

 

 

 « En fait j’ai déjà mes soirées de calées jusqu’à la saison prochaine, mais je garde ça en tête »

Ben en fait c’est justement ce qu’il vous a dit il y a six mois au moment de la préparation de sa saison.

Le bon réflexe : enregistrez-le et prenez rendez-vous avec lui pour dans six mois.

 

 

« Je peux vous caler au tremplin annuel si vous voulez »

En fait vous n’avez pas besoin de lui pour être « calé » au tremplin annuel puisqu’il suffit de s’inscrire, et avoir la chance de remporter une première partie, mais ça vous le savez merci.

Le bon réflexe : inscrivez-vous au tremplin et entendez vous avec les autres groupes pour soudoyer les juges afin que tous les participants arrivent à égalité. Le tour est joué, vous et tous vos potes du local aurez droit à une première partie pour la fameuse prochaine saison.

 

Et au pire, le meilleur des conseils pour ce dernier cas comme pour les precedents reste de n'en avoir rien a foutre. Voila. Ca c'est du conseil. Du bon gros conseil.

 

 

 

 

Vous connaissez des programmateurs sympas, respectueux et pacifiques ? Vous êtes vous-même un programmateur et assumez très bien n'en avoir rien à foutre ? Envoyez vos messages en commentaires de l'article ci-dessous, en nous contactant sur le blog, ou en questionnant directement l'auteur à coucousincool@gmail.com

 

 

L'auteur : Cousin Cool se situerait dans la carrière musicale entre Père Castor, Cousin Machin et Daddy Cool. 30 ans qu’il traîne sa carcasse barbue dans les salles et les studios en tant que bassiste, ingénieur du son et régisseur. Du nord au sud de l’Europe, de l’est à l’ouest de l’Amérique, Cousin Cool a bossé avec les plus grandes divas comme avec les pires crasseux. Dans la famille Cool, il n’a jamais été père ou a refusé de le(s) reconnaître. Mais chez les Cool, on est dans le son de la tête au pied, de père en fils depuis une génération, et peu importe si celui de Cousin l’a abandonné à la naissance. De cela comme de tout sauf du son, Cousin se fout complètement et on le lui rend bien.

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