Dix manières de quitter son groupe en faisant croire aux autres musiciens que c’est eux qui te virent

"Comment ça viré ? Sérieusement ?! Wouhouhou !!!"

Toutes les bonnes choses ont une fin. Même les groupes qui vous auront fait connaître vos toutes premières fois, vos plus grands émois, vos frissons les plus dingues, et sans doute quelques déconvenues aussi. Si vous jugez que ces dernières sont trop nombreuses, que vous souhaitez changer de style de musique ou simplement de collègues de son, si vous préférez consacrer désormais votre temps libre à la femme de votre vie, ces lignes vous sont adressées. Dans la lignée des véritables best seller que constituent la série d’articles « Comment virer son chanteur / batteur / guitariste / bassiste en lui faisant croire que c’est lui qui part », nous vous proposons pour conclure cette saison en beauté, en quittant votre groupe. Ou en tout cas de trouver le meilleur moyen de le faire, tout en laissant vos potes penser que cette décision vient uniquement d’eux. Ainsi, vous pourrez clamer votre bonne conscience, et même pourrir vos anciens collègues si besoin en était. Dernier avantage et non des moindres, vous laisser l’été bien peinard, pour voir si vous ne trouvez pas un nouvel amour musical.

1- Jouer les faux conciliateurs

Vous n’avez jamais tenté le bon vieux truc de l’invention d’un problème inexistant par simple suggestion ? Il s’agit par exemple de regarder votre femme fixement pendant quelques secondes, comme absorbé, puis de lui demander avec un ton mi inquisiteur, mi inquiet : « y a un truc qui va pas ? »

Elle vous répondra que « si, tout va bien », puis sur votre insistance lourde du type « ben pourtant je le vois bien, y a un truc qui va pas… après tu préfères peut-être le garder pour toi mais bon… », de vous assurer que « si j’te jure, ça va très bien, mais toi qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu me sors ça comme ça ? », parce qu’elle « comprend pas pourquoi cette question », et qu’elle « voit vraiment pas ce qu’elle a fait pour qu’on puisse croire que ça ne va pas », et même « au contraire, ça va très bien merci ! ». A ce petit jeu, si vous n’êtes pas mauvais, la discussion devrait se finir dans un temps plus ou moins long en énorme prise de tête, voire en concours de lancers de couteaux et autres ustensiles de cuisine, le tout pour pas un rond !

Simple, nan ? Et bien à vous d’adapter cette technique au groupe. Entre deux morceaux en répète, glissez un timide « il manquait un truc là nan ? Je sais pas… manque d’énergie… », ou un discret « ça groovait pas des masses ce soir, vous trouvez pas ? », bref autant d’inquisitions qui vous serviront à fomenter une prise de tête sortie de nulle part, jusqu’à ce que tout le monde juge opportun de faire « juste une mise au point ». C’est au cours de celle-ci qu’un des membres du groupe sortira forcément le fatal « attends mais si t’es pas content tu peux aussi te casser ! ».

Le plus : si vous êtes vraiment bon l’affaire peut être pliée en quelques minutes

Le moins : le risque de baston

Dis leur Jackie...

2- Les avoir à l’usure

C’est une technique bien connue de tous ceux qui au sein d’un couple vieillissant, n’ont pas les c****** d’affronter la réalité, et de la livrer à leur moitié. Leur stratégie ? Laisser lentement pourrir la situation, en ne faisant plus d’effort et en montrant de moins en moins d’enthousiasme. De façon évidente, et malgré le crève-cœur que ce sera pour eux, vos (anciens) amis se feront tôt ou tard une réunion au sommet dans votre dos, afin de constater unanimement que vous êtes passés du statut de rock star en puissance à légume inutile. Un beau jour, ils vous convoqueront à un entretien préalable de licenciement, dont vous ressortirez en ricanant, et eux l’âme meurtrie à tout jamais.

Le plus : de moins en moins d’efforts à faire, plutôt un programme de rêve, nan ?

Le moins : cette technique peut prendre de quelques jours à quelques années, suivant le degré de tolérance de vos potes

3- Faites un pari un peu con

Vous êtes joueur et vos collègues le savent bien. Vous profitez donc d’une soirée enjouée pour ne pas dire arrosée, pour ne pas dire où vous êtes complètement déchirés, pour lancer une série de paris stupide. Chacun y va de son petit défi, et quand vient votre tour, vous lancez un peu taquin, « moi je vous parie que vous ne parvenez pas à me faire quitter le groupe ».

Volontiers lourdauds, vos compagnons passeront ainsi les moments qui suivent à vous vanner ou trouver tous les prétextes pour vous inciter à dégager sur le champ de cette formation. Au risque de paraître hyper susceptible, prenez le prétexte d’une remarque particulièrement acerbe, pour emplir vos yeux de larmes à peine exagérées, et regarder vos comparses en hoquetant un « ok, c’est comme ça que vous le prenez ? C’est vraiment ce que vous voulez ??? Et ben j’me casse !!! ». Un bon claquage de porte, et le tour est joué.

Le plus : simple, rapide, efficace

Le moins : il faut pouvoir pleurer en quelques secondes, et vous n’avez pas fait l’actor studio non plus… Entraînez-vous en conservant quelques pelures d’oignon sur vous, ou en repensant à certaines scènes de Toy Story 3.

4- Questionnez le groupe

Tel un enfant de quatre ans et demi, faites comprendre aux membres du groupe que chaque idée se doit d’être remise en question, pour être mieux assumée. N’hésitez donc pas à les interroger sur le bien fondé de tel titre de morceau, de tel chorus à cet endroit, de l’idée de jouer dans tel lieu, de la couleur de la chemise du batteur qui jure un peu avec son pantalon, de la couleur de cheveux de la copine du bassiste qui jure un peu avec celle du guitariste… A force de quête de légitimité pour tout et surtout n’importe quoi, ce sont eux qui mettront en cause votre seule présence dans le groupe et répondront rapidement à une de vos nouvelles questions par un simple « casse-toi pov’con », cher à je ne sais plus quel leader de je ne sais plus quel groupe de hip hop libéral.

Le plus : vous allez vous faire pleins d’amis à la sortie des maternelles

Le moins : vous êtes sans doute vraiment un pov’con…

5- Négligez-vous

On sait ce que la vie en communauté peut demander de sacrifices, aussi petit à petit, évitez soigneusement de vous laver, de vous changer, badigeonnez vos peaux de batterie de poisson séché, huilez votre guitare avec du maroilles, laissez-vous pousser tout ce qu’il est possible de faire pousser, et attendez la réaction. Vos collègues devront tôt ou tard faire cesser cette torture qui déteint sur la réputation du groupe et provoque chez eux de plus en plus de crises de vomissements. Ils vous abandonneront sûrement une nuit sur une aire d’autoroute, avec les chiens sur la route des vacances.

Le plus : si vous avez déjà des tendances porcines à la base, vous n’avez qu’à vous lâcher encore un peu plus dans le dégueulasse.

Le moins : vous risquez également de vous faire virer de votre groupe, de votre couple, voire de votre travail ou de votre famille…

666- Leur dire que désormais vous préférez jouer du métal

Ca ne marche évidemment que si vous ne jouez pas de métal, ce qui laisse quand même pas mal de possibilités. Comme ils seront effrayés à l’idée de devoir invoquer Satan et toute sa famille à tout bout de champ, ils vous conseilleront vite de tenter votre chance avec les voisins de local de Sepulturo et autres Sleepnot.

Le plus : en fait on vous a menti, ça marche aussi si vous jouez déjà du metal. Et là il vous suffira juste de dire que vous voulez dorénavant jouer de la cumbia. Muy malino, coquino!

Le moins : être contraint d’aller jusqu’à faire la preuve de ce que vous prônez, à savoir jouer du metal. Dur…

7- Allez voir ailleurs

Multipliez les groupes, et comparez constamment vos nouvelles conquêtes avec le groupe que vous désirez quitter. A force de s’entendre dire que ses membres sont « vachement plus que… », et « beaucoup moins que… », que les méthodes sont toujours plus efficaces ailleurs, et que l’herbe est toujours plus puissante dans le local d’à côté, ils vous y enverront à coups d’Ampeg…

Le plus : quand vous vous ferez démissionner, vous aurez déjà pleins d’autres remplaçants pour combler vos soirées et weekend.

Le moins : Un Ampeg, même le plus léger, ça pèse quand même sa quinzaine de kilos. Je sais hein, j’ai vérifié…

Existe ayssu en TC Electronic...

8- Prenez de la place

Un moyen radical de se faire ejecter d’un groupe est de ramener constamment la couverture à soi. Que vous soyez officiellement considéré comme un leader de la formation ou pas, transformez-vous en un parasite à l’ego démesuré : achetez plein de matos, triplez votre pédalier, rachetez vous une douzaine de toms, demandez à jouer sur le devant de la scène, faites en des caisses dans les arrangements, incrustez vous dans toutes les réponses aux interviews, partez du principe en cas de débat que votre avis est censé mettre fin à celui-ci, bref devenez un relou de catégorie internationale, un branleur cosmique… en résumé quelqu’un dont personne ne veut dans son groupe. Oust…

Le plus : avec un peu de chance, cette technique sera juste le tremplin vers votre carrière solo, celle qui verra votre propre nom emplir en lettres rouges la façade de l’Olympia, et la Victoire de la Musique de la Classe vous être remise. Mais bon, vous connaissant un peu, ça m’étonnerait quand même…

Le moins : si vous êtes de nature à en faire des caisses tout le temps habituellement, cette stratégie s’envisage difficilement. Mais ayant peu d’empathie pour les personnalités de votre espèce, je n’essaierai pas de vous donner d’autres conseils.

9- Soyez exigeant

Faites leur comprendre du jour au lendemain que vous, en termes d’ambitions, vous ne faites vraiment pas dans la dentelle. Multipliez par deux la durée des répétitions, proposez des réunions toutes les semaines, invoquez des sessions d’écoutes collectives tous les mercredis soirs, plaignez-vous qu’un café-concert ne vaut pas une vraie salle, qui elle-même ne vaut pas un Zenith, qui ne vaudra jamais un Stade de France, etc.

Le plus : si ça se trouve tout le monde se prendra au jeu et dans quelques mois vous êtes au Stade de France. Mais, vous connaissant un peu…

Le moins : cette stratégie est extrêmement chronophage, et pourrait vous épuiser, voire pire, vous contraindre de lâcher l’éponge et quitter vous même votre groupe avant qu’on ne vous vire. Ce serait dommage.

10- Soyez fragile

Les petits bobos des musiciens sont bien connus : tendinites, foulures, entorses, cancer du foie, melonïte aigue, overdose. Commencez donc à jouer les hypocondriaques, et à prétexter un rhume des foins pour annuler une date, ou une intoxication alimentaire aux champis hallucinogènes pour annuler une tournée. Il n’en faudra pas beaucoup pour que la prochaine se fasse sans vous.

Le plus : du repos, surtout beaucoup de repos…

Le moins : les champis c’est sympa, mais ça peut effectivement être compliqué à digérer…

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